Le cannabis et le CBD sont-ils autorisés à Madagascar ?

Amateur de produits au CBD, ou utilisateur récréatif de cannabis ? Avant de s’évader pour l’île malgache, ou de s’y installer définitivement, il est bon de se renseigner sur l’ensemble des restrictions qui encadrent le pays. De fait, bien que le chanvre soit présent de longues dates dans l’histoire de Madagascar, son usage est extrêmement limité. Que faut-il savoir ?

Cannabis, CBD, quelle légalité sur l’île malgache ?

Dans de nombreux pays européens, et même du monde, une distinction se crée entre le cannabis pur et le CBD. Le premier concerne l’ensemble de la plante, avec tous ses composants, tels que le THC. Celui-ci, psychoactif, peut entraîner des effets importants sur le cerveau et les capacités des utilisateurs, créant cet effet de high apprécié par certains. Pour cette raison, il est, en majorité, généralement interdit à l’échelle internationale. Même cela, pourtant, tend à changer dans les dernières années, avec notamment la légalisation du cannabis récréatif au Canada, entre autres.

Le CBD, lui, est reconnu par la Commission Européenne pour n’avoir aucun effet néfaste. Au contraire, ses bienfaits sont plébiscités. Par conséquent, il est fréquent aujourd’hui de trouver de nombreux produits à base de cette molécule. Les Européens se tournent ainsi sans difficulté vers des enseignes, comme cette boutique spécialisée, qui donnent accès à une large sélection de produits au CBD. Puisqu’il semble facile de s’en procurer et de le consommer légalement, il est possible de s’imaginer qu’il en soit de même à Madagascar.

La Grande Île, toutefois, ne réalise aucune distinction entre cannabis et CBD. Le premier est strictement interdit et, par conséquent, le second l’est également. Il n’est en effet pas possible de consommer, de posséder ou d’acheter des produits à base de chanvre, sous toutes ses formes, à Madagascar. Cela inclut également les graines, qu’il ne faut donc ni envoyer là-bas, ni posséder sur place. Pourtant, comme de nombreux autres pays, cet interdit n’empêche pas la population locale d’être forte consommatrice de cannabis. Cela, malgré de lourdes sanctions.

Les sanctions selon les utilisations de cannabis

S’il est illégal de consommer du cannabis à Madagascar, il l’est tout autant d’en acheter, d’en vendre, de le faire circuler ou d’encourager sa consommation. De nombreuses lois réglementent cette pratique, qui est au cœur des préoccupations des autorités malgaches. Selon la gravité de la saisie ou de son utilisation, les sanctions peuvent donc se cumuler ou se voir être particulièrement lourdes.

De manière générale, il faut se référer aux articles 96, 100 et 141 de la Loi sur le contrôle des stupéfiants, des substances psychotropes et des précurseurs, promulguée en 1997.

  • L’art. 96 fait référence à l’importation, l’exportation et le trafic, sanctionnant de travaux forcés et d’une amende de 50 000 à 5 000 000 de francs malgaches tout détracteur.
  • L’art. 100 concerne tout individu ayant participé, d’une façon ou d’une autre, au circuit du stupéfiant, à l’achat comme à la production, entrainant une peine carcérale de 5 à 10 ans et/ou une amende de 10 000 à 1 000 000 de francs malgaches.
  • L’art. 141 détaille plus précisément les sanctions possibles selon la possession ou la culture de cannabis et dérivés à usage personnel, condamnant par exemple de 3 mois à 1 an de prison et entre 10 000 et 250 000 francs d’amende pour de l’huile de cannabis.

Est-ce possible de cultiver du chanvre à Madagascar ?

Le chanvre est un sujet sensible à Madagascar qui est particulièrement encadré. S’il est apprécié de façon mitigée dans le reste du globe, sa culture est toutefois généralement tolérée. Cela, parce que le chanvre ne s’utilise, évidemment, pas qu’à des fins récréatives. La France, par exemple, se positionne en première place de production européenne de chanvre. La plante est notamment utilisée dans l’industrie textile. Les pays tels que les États-Unis ou l’Inde, aussi, n’hésitent pas à expérimenter avec le cannabis médical. Des rapports appuient en effet que la dénomination de « drogue dangereuse » serait infondée pour le cannabis, au vu de ses effets médicaux.

À Madagascar, toutefois, cette culture est expressément interdite, peu importe l’utilité des plantations. Cela concerne tant les plants personnels que les champs de culture à plus grande échelle. Particuliers comme agriculteurs n’ont, en effet, pas le droit de planter et de faire pousser du cannabis. Les autorités n’hésitent pas à détruire les cultures qu’ils parviennent à identifier afin de couper court à toute tentative. Cependant, c’est une démarche particulièrement compliquée, car l’île malgache est très propice à la pousse du cannabis.

Madagascar, une île idéale pour la pousse du cannabis

Entre son climat et sa flore abondante, Madagascar voit en effet de nombreux territoires développer cette culture. Il sera fréquent d’en trouver dans les provinces du nord, à Mahajanga ou Antsiranana. Parfois, elles se développent plutôt dans le sud, près de Toliara et Fianarantsoa. Des espèces sauvages ont même émergé dans l’île. De cette façon, bien que la culture soit techniquement interdite, il n’est pas rare de trouver de nombreux plants.

Afin de profiter tout de même d’effets similaires sans braver la loi, certains s’orientent toutefois vers un autre type de plante. L’Huperzia, en effet, est une plante endémique de l’île. L’usage et la culture de celle-ci n’est pas restreinte par la loi. Elle est même fréquemment utilisée à des fins médicales sur l’ensemble de la Grande Île. Cette alternative, toutefois, ne permet pas totalement d’endiguer la forte présence de cannabis à Madagascar.

Le peuple malgache, friand de cannabis

Si le cannabis était, à l’origine, imbriqué dans la culture et les traditions, par exemple dans les rituels spirituels ou remèdes maisons, il a aujourd’hui perdu beaucoup de cette symbolique. Il se retrouve tout de même toujours auprès des maisons, par exemple, qu’il protégerait des mauvais esprits. À l’origine, il semble toutefois que le cannabis se soit popularisé à Madagascar en le mélangeant au tabac, fumé à la pipe.

Si sa première apparition écrite date de 1661, le cannabis a pourtant rapidement été strictement interdit. Madagascar s’affiche, finalement, comme un des premiers à avoir condamné cette plante. Le roi Andrianampoinimerina, entre 1787 et 1810, n’hésite en effet pas à la proscrire. Aujourd’hui encore, cette interdiction reste donc toujours aussi ancrée.

Malgré les volontés des autorités de restreindre la prolifération du cannabis, tant dans sa culture que dans sa consommation, Madagascar reste très friande de cette plante. Près d’une personne sur dix consommeraient du cannabis, dérivés inclus, sur l’île malgache. Cela représente un peu plus de 9 % de la population. C’est un taux très important qui place facilement l’île en 13ᵉ position mondiale.

Un classement détonnant, quand on prend en compte la particularité de Madagascar. Si l’île se trouve être une plaque tournante des trafics de drogue, sa culture et consommation du cannabis sont tout à fait locales. Les exports internationaux sont rares, limités aux pays africains à proximité, par exemple. Les habitants semblent donc prêts à braver les interdictions pour profiter des effets récréatifs du chanvre. Un acte peut-être trop audacieux, quand le gouvernement n’affiche aucune intention de faire évoluer la loi.

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