Madagascar, la plus grande île de l’océan Indien, est réputé pour la biodiversité de sa faune et de sa flore. Depuis plusieurs années, de nombreux naturalistes et scientifiques ont recensé plus de 10 000 végétaux endémiques sur le territoire. Par ailleurs, les Malgaches utilisent ces plantes autochtones d’une manière traditionnelle afin de guérir toutes sortes de maladies. Les vertus médicinales de certaines espèces d’herbes ont même été approuvées par plusieurs chercheurs et professionnels de la santé.
Ces dernières décennies, la phytothérapie, une pratique consistant à utiliser des extraits végétaux pour la conception d’un remède, est de plus en plus présente en occident. Sur la Grande Île, il s’agit d’un savoir-faire traditionnel qui a existé depuis des millénaires. En effet, la majorité des plantes curatives sont repérées dans le pays, par exemple l’eucalyptus qui est connu pour soigner ou apaiser la fièvre. Ainsi, il est important de connaître quels sont ces végétaux médicinaux trouvés à Madagascar.
L’utilisation des plantes dans la médecine traditionnelle malgache
Grâce à son climat et à sa variété de relief, Madagascar, aussi appelé l’île rouge, possède une multitude de niches écologiques. Vu que le pays est encore sous-développé, la plupart des gens, en particulier ceux de la campagne, n’ont pas accès aux divers établissements sanitaires. En effet, pour se soigner, ils ont recours à la médecine traditionnelle qui se base sur l’usage des végétaux. D’après les statistiques de l’OMS, Organisation mondiale de la santé, environ 70 % de la population utilise toujours cette pratique jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs, depuis l’année 2007, les tradipraticiens sont reconnus et approuvés par le gouvernement. Afin de traiter une maladie, ils réalisent des préparations à partir des plantes médicinales telles que la feuille de goyave ou d’eucalyptus. Pour les Malgaches, se soigner avec cette méthode naturelle est une habitude et la médecine ancestrale est toujours présente dans la vie quotidienne.
En effet, que ce soit dans les zones rurales ou urbaines, certaines espèces végétales sont toujours utilisées lorsqu’une personne tombe malade. L’efficacité de ces remèdes se confirme de génération en génération. Dans certaines régions de l’île, ce savoir traditionnel est transmis grâce à un esprit ou une divination. Même si ces plantes thérapeutiques ne suivent pas de démarches scientifiques, de nombreux pharmacologistes et médecins considèrent leur importance. Au cours des siècles, les Malgaches ont appris à remarquer les principes actifs qui sont présents dans la plupart des végétaux, notamment les herbes, le bois, les graines, ou encore les racines. Étant donné que le peuple est très croyant, le pays est un territoire sacré où les plantes disposent d’une vertu de guérison.
Les principales plantes médicinales de Madagascar
Il faut savoir que parmi les 10 000 espèces de plantes sur la Grande Île, au moins 50 % d’entre elles sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles n’existent pas dans d’autres régions. Sur les grands marchés de la ville, de nombreuses espèces de végétaux sont vendus par les marchands. Par conséquent, voici les principaux remèdes à base de plantes sur le pays :
Soigner les maux de ventre et diarrhées
Le goyavier, l’arbre qui donne la goyave, est une plante qui pousse dans les régions tropicales. Pouvant supporter les grandes chaleurs et les températures basses, il s’adapte facilement au climat de Madagascar. En général, c’est son fruit qui est le plus connu. Cependant, il faut savoir que cet arbre recèle de bienfaits pour la santé. Venant de la famille des Myrtacées, il est présent un peu partout sur le territoire. Sur l’île rouge, le goyavier est utilisé pour soigner la diarrhée et les maux de ventre. En effet, ce sont les feuilles de cet arbre qui possèdent des propriétés antalgiques. Fonctionnant comme un antidouleur, elles peuvent également soulager d’autres maladies. Afin de l’utiliser, il existe plusieurs façons de les consommer, soit en faisant une infusion, soit en mâchant les feuilles.
Afin de soigner les diarrhées, les Malgaches utilisent une plante locale appelée Kimenamena qui appartient à la famille des Euphorbiacées. Cette espèce végétale pousse principalement sur la côte ouest de Madagascar, au Bas-Mangoky. La population pauvre souffre souvent de malnutrition, avoir mal au ventre est assez courant. Cette herbe est préparée en boisson, puis bue en petite gorgée plusieurs fois par jour. Elle élime les bactéries dans l’organisme humain. Pour information, ces Euphorbiacées présentes sur la grande île sont classifiées en 700 espèces et réparties en plus de 60 genres. Mis à part le Kimenamena, il y a aussi un buisson nommé Tentona, connu sous son appellation scientifique Phyllanthus fusco-luridus, qui est employé contre la dysenterie et les maladies liées aux maux de ventre. Ces plantes sont généralement situées dans les régions chaudes, au centre et à l’est de Madagascar. Comme la plupart des remèdes naturels, c’est à partir des racines ou des feuilles que l’on prépare les tisanes.
Lutter contre les maux de tête et la migraine
Les maux de tête sont une souffrance très fréquente. Dans certaines communes de l’île rouge, beaucoup de personnes ont recours aux médecines traditionnelles pour lutter contre la migraine. Bien que ces remèdes ne passent pas par des laboratoires expérimentaux, les habitants ne doutent pas de leurs résultats. Parmi les végétaux thérapeutiques locaux, il existe un arbre connu sous le nom de Ravintsara, ou Camphrier de Madagascar. Scientifiquement appelé Cinnanomomum camphora, c’est une plante qui appartient à la famille de Lauraceae. En principe, les feuilles sont utilisées pour lutter contre les maux de tête et les autres maladies d’hiver telles que la grippe ou le rhume. Pouvant atteindre 30 mètres de haut, il peut pousser sur des sols drainants et sablonneux. Par ailleurs, le Camphrier de Madagascar est composé de 250 espèces qui sont réparties dans les régions à climat subtropicales et tropicales.
Selon la langue malgache, Ravintsara signifie bonne feuille, « ravina » veut dire feuille et « tsara » désigne la bonté. Dans le pays, il peut être utilisé d’une manière traditionnelle ou artisanale. Afin de soigner la migraine, les locaux réalisent une pratique appelée « evoka ». Le procédé est simple, ils font bouillir les feuilles dans l’eau, puis inhalent fortement la vapeur du liquide dans un endroit clôt. Dans une pratique plus moderne, les Camphriers de Madagascar peuvent être transformés sous forme d’huile essentielle. Avec ce dernier, il existe deux façons de l’administrer, soit par un massage, soit par diffusion. Pour rappel, cette plante est composée de molécules à caractères sédatifs et relaxants, ce qui permet de calmer ou de soigner les maux de tête. De plus, elle dispose d’autres propriétés pour récupérer après un coup de fatigue ou encore contre les déprimes saisonnières. En associant le Ravintsara avec le citron, le miel et le Palmarosa, il s’agit d’une solution incontournable pour booster l’immunité.
Pour panser les plaies
Dans les temps anciens, les guérisseurs du village utilisaient certaines herbes pour soigner les blessures des personnes. En effet, l’utilisation des plantes autochtones est une solution simple et efficace pour traiter les douleurs des Malgaches. À ce jour, dans certaines régions on pratique toujours ce savoir-faire ancestral. À titre d’information, 70 % de la population se trouvent dans des endroits éloignés où il n’y a pas de centre de santé. Heureusement, avec les soins traditionnels, il est possible de panser les plaies à l’aide d’une plante cicatrisante. En générale, les Malgaches utilisent une espèce appelée Talapetraka pour guérir les blessures. Connue communément sous le nom d’hydrocotyle, et scientifiquement sous la dénomination Centella Asiatica, elle est catégorisée dans la famille des Apiaceae ou apiacée. Reconnaissable grâce à ses fleurs pourpres et son feuillage arrondi, c’est une plante qui se développe dans les pays tropicaux tels que Madagascar.
En effet, le Talapetraka est un remède naturel qui possède de nombreux bienfaits. Premièrement, il a la propriété d’optimiser la cicatrisation d’une brûlure ou d’une plaie. Ensuite, il joue aussi un rôle essentiel dans le développement des cellules cutanées qui protègent contre les affections liées à la peau. Selon les scientifiques, l’hydrocotyle contient des caroténoïdes, des flavonoïdes, de la vitamine C, des stérols, des polyines, du tanin et des saponosides. Même si les habitants locaux ne connaissent pas ces divers composants, les traitements à base d’herbes sont pratiqués depuis plus deux siècles. Au sud de l’île, dans la province de Tuléar, il subsiste également une plante appelée l’Aloé Vahombe qui est réputé pour ses capacités de régénération. Afin de panser les plaies, les résidents l’emploient par ingestion ou en appliquant la sève extraite des feuilles sur les tumeurs. D’ailleurs, c’est une pratique très courante dans les provinces de la Grande Île.
Pour soulager les yeux irrités
Les pollens et les poussières engendrent l’irritation, des rougeurs ou encore des démangeaisons des yeux. Depuis toujours, la médecine douce a eu une place importante dans la vie des Malgaches. Comparés aux médicaments modernes, les soins produits à partir des végétaux sont les plus adoptés sur le territoire. À cause de virus dans certaines régions, les maladies oculaires font partie des affections auxquelles la population doit faire face. Afin de soulager les yeux, il existe de nombreuses plantes médicinales qu’un guérisseur peut recommander, à savoir les herbes de la famille des Amaranthacées, Crassulacées, Equisetacées, Malvacées, Tillacées, et encore beaucoup d’autres.
La Triumfetta rhomboidea Jacq est une espèce qui appartient à la famille des Malvaceae ou Malvacées. Sur l’île rouge, il s’agit d’une plante qui peut atteindre 2,5 mètres de haut. En principe, ce sont les racines que les habitants utilisent pour soulager les yeux irrités et pour traiter la conjonctivite.
Venant de la famille des Amaranthacées, l’Achyranthes Aspera, localement appelée « Tsipolitry » est une plante capable de soigner l’ophtalmie. Ce végétal est connu dans tout le pays grâce à ses fleurs composées d’épis pouvant s’accrocher facilement aux vêtements. Pourtant, le suc de ses feuilles dispose d’une propriété qui soigne diverses maladies de la peau, des yeux, des poumons, etc.
Le Kirijy ou l’Urena Lobata est une plante à plusieurs usages. Généralement planté dans le jardin, ce végétal possède une tige qui permet de confectionner des cordes. Dans le domaine médical, ce sont ses racines qui sont récoltées pour en produire un remède contre la blépharite et l’irritation des yeux. Depuis des millénaires, les tribus de Betsimisaraka et Sakalava utilisent également cette herbe pour soulager les douleurs oculaires.
Contre la rage de dents
L’odontologie est une maladie causée par l’inflammation des zones au niveau de la pulpe dentaire. Ces dernières sont composées de nombreux vaisseaux et de nerfs, ce qui explique l’existence des douleurs intensives durant une rage de dents. Étant donné la biodiversité à Madagascar, plusieurs espèces de plantes peuvent atténuer les problèmes dentaires. Le giroflier, de la famille des Myrataceae, est un arbre qui apporte des bienfaits pour la santé bucco-dentaire. Grâce à ses boutons floraux, ou le clou de girofle, il permet de lutter contre le mal de dents. Sur la Grande Île, il existe encore beaucoup de personnes qui se soignent d’une façon traditionnelle avec cette épice. Pour ce faire, il suffit d’écraser le clou de girofle et le mettre au-dessus de la dent douloureuse. Cependant, il y a aussi une autre méthode classique pour obtenir un remède. La technique consiste à porter à ébullition de l’eau et 5 clous de girofle dans un récipient. Une fois infusé, il faut laisser refroidir et ensuite réaliser un bain de bouche avec le mélange.
La Spilanthes acmella, ou Anamalaho en malgache est une herbe qui a des propriétés antiscorbutiques. En effet, il s’agit d’une plante qui soigne de nombreuses maladies telles que le rhume, et surtout les odontologies. Afin d’alléger la rage de dents, les capitules doivent être séchés et transformés en poudre. Toutefois, ce végétal peut être cuit à la vapeur ou manger cru, en fonction de l’habitude de chaque individu.
Faisant partie des espèces de palmiers, le Raffia Ruphia est une plante endémique de Madagascar. Appartenant à la famille des Arecaceae, c’est une herbe géante qui n’existe que sur l’île rouge. Il possède aussi un caractère thérapeutique permettant de soulager les douleurs dentaires. En outre, c’est à partir de ses racines que les habitants obtiennent un traitement efficace.
Madagascar est une île qui possède une grande variété de plantes médicinales. Grâce à la biodiversité du pays, il est très facile de trouver des remèdes naturels sans faire appel à la médecine moderne. Que ce soit pour soigner les maux de têtes, de ventres, ou encore d’autres maladies, de nombreuses espèces d’herbes permettent de créer des traitements simples et faciles à utiliser.