Nosy Be ou « Grande Île » est la destination balnéaire préférée des vacanciers à Madagascar. Tout y convie au ressourcement, entre ses plages et ses criques ombragées par les cocotiers, ses plantations odorantes d’ylang-ylang, sa forêt originelle et ses récifs fréquentés par une riche faune – dont le fameux requin-baleine. Il n’est donc pas surprenant que Nosy Be soit plébiscité par les voyageurs, notamment les Italiens qui peuvent s’y rendre via un vol direct Milan – Nosy Be de la compagnie aérienne Neos.
Un moral en berne chez les opérateurs touristiques
Nichée dans la baie d’Ampasindava, au large de la côte nord-ouest du pays, l’île dévoile un véritable décor de carte postale. Depuis le début de la crise pandémique, l’épidémie de COVID-19 a néanmoins apporté son lot de déconvenues. L’île se languit désormais sur ses sites désertés et se prépare tant bien que mal à un retour des visiteurs – même si la réouverture des frontières n’est pas encore à l’ordre du jour.
C’est du jamais vu chez les hôteliers et les restaurateurs. En effet, depuis le confinement instauré au mois de mars, les structures d’accueil restent désespérément vides. Certes, le déconfinement début mai a attiré quelques clients comme des touristes locaux ou des expatriés, mais on est loin du compte… et des beaux jours. Les vols internationaux au départ ou à destination de Nosy Be sont pour le moment suspendus pour une durée indéterminée.
Pourtant, l’espoir était au rendez-vous le 1er octobre dernier quand, après le premier confinement, le gouvernement malgache avait annoncé la réouverture des vols internationaux. La deuxième vague de l’épidémie de COVID-19 qui a déferlé sur l’Europe au même moment a contraint les autorités à refuser les embarquements en provenance d’une dizaine de pays – dont la France et l’Italie.
Notez que les Italiens représentent 95 % des visiteurs à Nosy Be – soit plus de 16 000 personnes chaque année. La décision du gouvernement a donc marqué un coup d’arrêt (provisoire ?) du tourisme sur la petite île, car toutes les réservations des mois suivants ont dû être annulées. Certes, les crises politiques que Madagascar a traversées en 2002 et 2009 ont eu des répercussions sur le tourisme local, mais de façon limitée. De par sa situation, Nosy Be est un cas à part. Elle constitue un havre sur lequel les confrontations et les grèves qui secouent sporadiquement le pays n’ont pas d’emprise.
La clé sous la porte bientôt ?
Face à ce gouffre financier, les opérateurs touristiques essayent tant bien que mal de s’en sortir. Bien qu’ils aient bénéficié d’un report des échéances fiscales pour les aider à traverser la crise, la plupart d’entre eux vivent aujourd’hui de leur épargne ou de l’aide de leurs proches résidant à l’extérieur.
Les hôteliers ne sont pas les seuls à pâtir de la situation, car c’est une pluralité d’acteurs touristiques qui est concernée comme les artisans, les pêcheurs, les clubs de plongée, les guides ou encore les chauffeurs de tuk tuk. Certains survivent actuellement de petits boulots ou de prêts contractés ici et là.
Alors comment chiffrer les impacts de cette crise qui semble perdurer ? Johann Pless, président de la Fédération des hôteliers et restaurateurs de Madagascar (Fhorm), a précisé qu’il était encore trop tôt pour estimer les pertes. Étant donné que les centres fiscaux n’accueillent pas encore les dépôts de bilan, les cas de fermeture sont donc discrets pour le moment.
De plus, les reports des échéances fiscales font plus de mal que de bien, car leur cumul risque de fragiliser davantage la trésorerie des établissements. La Fhorm prévoit d’ailleurs la faillite de près de 50 % des structures d’accueil pour le premier semestre 2021 à Madagascar.